On à recours aux chiffres, aux variables, aux constantes. On mesure les
émissions de gaz à effet de serre, les températures et le niveau de la
mer. Mais qu’en est-il de la beauté ? De la poésie du monde ? De ce
spectacle quotidien que nous offre la nature ? Et si le souci de la beauté
constituait le plus puissant moteur de l’écologie…
Tout le monde est capable de poésie
S’il existe une énergie renouvelable à laquelle l’homme est sensible c’est
bien la poésie ! Il semblerait d’ailleurs que cet argument soit le plus
pertinent pour convaincre les derniers réfractaires. Tout est question de
motivation. Alors quelles sont celles de ceux qui n’adhèrent pas au discours
écologiste ? Roulement de tambour… La beauté du monde, bien sûr ! Sa
préservation ! Que les neiges restent immaculées. Que les forêts demeurent.
Que les continents ne soient pas engloutis. N’est-ce pas le principe même de
la conservation ? Cette idée qui tient tant à cœur aux électeurs de droite…
Car oui ! L’écologie est fille de gauche. Mais pourquoi le serait-elle
uniquement ? S’il y a bien un sujet qui nécessite qu’on dépasse les clivages,
c’est celui-là ! Et peu importe les motivations. Seul le résultat compte.
Qu’on croit à l’altruisme ou non, au progrès ou pas, on peut être
sincèrement écolo… Pour cela, il suffit d’œuvrer pour retrouver l’équilibre.
Soyons concrets…
La sanctuarisation : l’équilibre retrouvé
Peut-être y-a-t-il des terres qu’il ne faut pas fouler. Peut-être y-a-t-il des
eaux qu’il ne faut point troubler. Ainsi s’exprimerait Gandalf s’il était
candidat aux prochaines présidentielles. Et ainsi devrions-nous sans doute
tous nous exprimer… L’idée est simple : maintenir l’homme hors de
certains espaces du globe. D’où l’utilisation (tout à fait spirituelle, vous en
conviendrez) du terme sanctuaire. N’occuper qu’une partie du monde pour
laisser l’autre intact. Voilà qui pourrait parfaitement correspondre à
l’exigence de mesure qui émane de la juste empreinte. Habiter l’espace dont
nous avons besoin. Ni plus, ni moins. Et qu’ailleurs la nature reprenne ses
droits !
Et de notre côté ?
Soyons justes. Il serait possible d’opposer bien des arguments aux partisans
de la sanctuarisation. Le plus fort d’entre eux serait le suivant : sanctuariser
revient à se priver de la beauté du monde ! Comment y trouver son compte
alors que nous n’y aurions plus accès ? Pour des gens qui en sont les plus
grands admirateurs, il est vrai que la remarque fait mouche… Mais pourquoi
se contenter de sanctuariser ? Pourquoi ne pas également redonner droit de
cité à la beauté dans nos villes ? Plusieurs mesures le permettraient. Éteindre
les enseignes ainsi que l’éclairage public une partie de la nuit, par exemple.
Les citadins pourraient ainsi renouer contact avec les étoiles, retrouver un
ciel dégagé. Déconstruire les gigantesques zones commerciales qui
défigurent les campagnes et les banlieues pour y laisser la nature s’épanouir
à nouveau. Et pourquoi pas y laisser vivre des bêtes ? Des moutons, des
chèvres, des poules ? Pourquoi pas de nouveau cohabiter avec les animaux ?
Laisser le paysage nous échapper…